L'Orgue Jean-André Silbermann



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Jean André Silbermann orgue saint-quirin
J.A. Silbermann à 30 ans - Par J.B. Frey - 1742
orgue silbermann saint-quirin

D'une centaine d'instruments sortis des ateliers de Silbermann Père et fils, célèbres facteurs d'orgues du XVIIIème siècle, il ne reste plus au monde que 3 orgues authentiques : deux construits par André Silbermann (Père) aux abbatiales de Marmoutier (1709/10) et Ebersmünster (1728/32), et le seul et unique "rescapé" de l'oeuvre de Jean-André Silbermann (Fils) en l'église priorale de St-Quirin. Classé monument historique suite à sa dernière restauration, cet orgue fait la fierté de Saint-Quirin et de sa région. Il est le témoin de la facture d'orgues baroques qui existait au XVIIIème siècle dans la région, et dans la France entière... Mais cette sauvegarde ne fut pas de tout repos, et l'orgue quirinois faillit subir le même sort que les autres œuvres du célèbre organier. Revenons sur l'histoire de ce joyau baroque!

Après la signature du contrat, en 1744, par Placide Schweighaueuser abbé de Marmoutier, Jean-André SILBERMANN alors âgé de 29 ans commençait les travaux en atelier. En fait il commença la construction de deux instruments identiques, l'autre étant destiné à la paroisse de Guémar (Haut-Rhin) (cet instrument se trouve aujourd'hui à Griesheim-sur-Souffel (Bas-Rhin) : il est mutilé). Le 15 juin 1746, le lourd attelage de Jean-André SILBERMANN, après une nuit de repos à l'abbaye de Marmoutier, arriva vers 16 heures aux portes de la nouvelle église priorale de Saint-Quirin. Aussitôt, avec les aides proposés par le prieur, le matériel fut hissé à la tribune et les travaux d'assemblage commencèrent... Jean-André, aidé par son jeune frère Jean-Henri (18 ans), travaillait de 5 heures du matin à 8 heures du soir, en marquant un arrêt d'une heure à midi. Ainsi, il n'est pas étonnant que dès le 20 juin le buffet se trouve en place et, le 30, les mécanismes de soufflerie et de transmission des jeux ajustés. Le 1er juillet débute l'installation des tuyaux et le 16, le délicat travail d'harmonisation est achevé. Jean-André SILBERMANN note dans son calepin "Also Gottlob fertig worden " (Terminé - Dieu merci).

Le Kammerorgel, auquel le célèbre organier alsacien venait de donner vie, était un orgue du type français : un 4 pieds avec cornet d'écho, accordé au diapason italien, soit un ton plus bas que le diapason actuel. Sa composition était de 15 jeux... Malheureusement la suite est moins joyeuse pour les ouvres de SILBERMANN Père et Fils. Leurs œuvres furent en effet, dans leur quasi totalité, mutilées, transformées ou détruites, souvent à la demande d'organistes gagnés par une mode nouvelle : le romantisme. Pourtant à l'ancien prieuré bénédictin montagnard de Saint- Quirin, subsistait encore un vieux "Kammerorgel" (orgue de chambre) de Jean-André SILBERMANN, relativement bien conservé. Certes, en 1904, François Staudt de Puttelange (Moselle) , suivant la mode du temps, procéda au remplacement des jeux de cymbale et fourniture par une gambe et une voix céleste et accorda l'instrument au diapason moderne, ce qui nécessita une réduction de la longueur des tuyaux. En 1917, autre atteinte, les autorités militaires allemandes réquisitionnèrent les cloches et les tuyaux de façade de l'orgue (le jeu du prestant) pour besoin de guerre. Enfin, en avril 1942, Frédéric HAERPFER de Boulay (Moselle) est chargé d'une grande restauration. Basée sur de bonnes intentions, cette restauration fit malheureusement plus de mal que de bien au joyau baroque (plusieurs transformations, adjonction de jeux...). Dès lors, l'orgue de Saint-Quirin servit à des concerts qui furent radiodiffusés par le "saarbrücker-Sender".

Vers les années 60, l'orgue est à bout de souffle et une restauration s'avère urgente. C'est à ce moment là qu'intervint le Lions-Club de Sarrebourg, qui prit en charge une restauration historique respectueuse de la facture de Jean-André SILBERMANN. Cette décision fit suite à une expertise méticuleuse qui mit en évidence une proportion très élevée du matériel d'origine (80 %)... Aujourd'hui, l'orgue de St-Quirin a retrouvé son éclat primitif. Toutes les modifications de 1942 furent éliminées et les pièces manquantes ou jugées irréparables furent reproduites selon les méthodes usitées au XVIIIème siècle. Le mécanisme et les jeux de la pédale furent reconstruits selon le matériel d'origine encore existant sur l'orgue jumeau de Griesheim-sur-Souffel. Détail émouvant, les étiquettes des registres, dessinées de la main de Jean-André SILBERMANN, furent découvertes sous les étiquettes modernes puis soigneusement rafraîchies. Par sa méticulosité, la manufacture d'orgues d'Alfred KERN de Strasbourg-Cronenbourg a réalisé un travail de restauration admirable. Cette renaissance exemplaire fut basée sur un projet de restauration historique, de Marc SCHAEFER, après étude des notes manuscrites de Jean-André SILBERMANN, ce qui nous permet d'affirmer que nous nous trouvons en présence de l'unique instrument à l'état primitif donc fidèle aux conceptions du grand organier alsacien. Cette action de sauvegarde fut couronnée par le classement "Monument Historique" de l'orgue, et donna lieu en 1970, à la suite d'un jumelage avec les "Amis des Orgues SILBERMANN de Marmoutier", à la création des Journées Musicales à la Priorale de Saint-Quirin. Aujourd'hui toujours, l'association "Les Amis de l'Orgue Silbermann", organise, tous les ans au mois de Juin, le Festival Silbermann.